Attention à ne pas trop en faire

Dans la paracha que nous venons de lire, la Torah nous rapporte que Yaakov envoie Yossef à la recherche de ses frères à Sh’hem. Lorsqu’il ne les y trouve pas, Yossef ne s’arrête pas là : il continue, il les cherche, jusqu’à les retrouver à Dotan.

Nos maîtres expliquent que cette démarche n’était pas anodine. Yossef ne se contentait pas de les localiser physiquement : il voulait aussi leur transmettre, dans leur langage, qu’il était le tsadik de la génération, celui par qui devait passer la réparation. Mais les frères n’étaient pas prêts à entendre ce message. Et nous connaissons la suite : Yossef est vendu.

La Torah nous enseigne ici un principe fondamental. Yossef, malgré la grandeur de sa vérité, n’aurait pas dû forcer les choses. Il aurait dû les laisser venir à lui. Ne pas chercher à imposer, ne pas précipiter, même lorsque l’on détient une vérité immense.

Car une vérité, aussi élevée soit-elle, ne peut être reçue que par celui qui est prêt à la recevoir. Le fait que les frères n’étaient pas disposés à entendre ce message a conduit à la catastrophe de la vente de Yossef.

De là, la Torah nous transmet une leçon essentielle :
on ne force pas les processus.
on ne force pas les âmes.
on ne donne pas le plus beau des cadeaux à quelqu’un qui ne cherche pas à le recevoir.

Même si c’est pour son bien.
Même si c’est pour le bien-être de l’humanité entière.

C’est dans ce même esprit que nos maîtres expliquent pourquoi la venue du Machia’h est retardée. Non pas parce que la délivrance n’est pas prête, mais parce que le monde, lui, ne l’est pas encore. Le monde doit désirer le tsadik. Le monde doit le chercher. La réparation est possible, mais sans préparation intérieure, à quoi servirait-elle?

Car il faut se souvenir d’un point crucial : lorsque le Machia’h viendra, la vérité sera si éclatante, si évidente, que la possibilité même de faire téchouva disparaîtra. Il n’y aura plus de choix, plus de combat intérieur. Tout sera clair.

Alors pourquoi hâter sa venue, si les hommes ne sont pas encore capables de choisir cette vérité par eux-mêmes? Pourquoi précipiter une lumière que le monde ne peut pas encore contenir ?

La Torah nous apprend ainsi la patience, la retenue et le respect du rythme de chacun. La véritable réparation ne vient pas de la contrainte, mais du désir. Pas de l’imposition, mais de la recherche sincère.